
Inédite, audacieuse, 100 % électrique et 100 % étudiante : bienvenue dans l’univers de l’équipe VOLTA, première structure à faire courir une voiture électrique agréée FFSA dans une épreuve de sport automobile en France.
C’est un événement dans le paddock du Trophée Tourisme Endurance : une Peugeot 208 Cup pas comme les autres a fait ses premiers tours de roues cette saison. Son originalité ? Elle est entièrement électrique, développée de A à Z par une vingtaine d’étudiants-ingénieurs de l’ESTACA, une école d’ingénieurs spécialisée dans la mobilité, basée à Laval (Mayenne).
Une aventure née sur les bancs de l’école
L’équipe VOLTA, c’est d’abord l’histoire d’un pari un peu fou lancé il y a trois ans, alors que ces étudiants n’étaient qu’en deuxième année sur cinq. Avec une volonté ferme de conjuguer sport automobile, innovation technologique et défi écologique, ils choisissent la voie de l’électrique — une première dans l’histoire du TTE.
Tout est à faire : dimensionnement du projet, choix des composants, conception, fabrication, puis exploitation. Pour leur base, ils optent pour une 208 Cup, modèle bien connu du paddock. Mais sous la carrosserie, tout change : moteur Tesla, batteries Volkswagen ID.4, systèmes de contrôle entièrement développés en interne, et une grande majorité de pièces issues du réemploi ou de l’économie circulaire. « Il y a un vrai sens derrière ce qu’on fait, à la fois économiquement et écologiquement », résume Théo, étudiant engagé dans le projet.
Une voiture pensée comme un laboratoire roulant
Loin des équipes professionnelles ou des constructeurs qui enchaînent les journées d’essais privés, les jeunes de VOLTA développent leur voiture… pendant les courses ! Après un premier roulage officiel à Magny-Cours, puis une apparition remarquée à Albi, la 208 électrique s’est révélée fiable, avec une autonomie d’environ une heure à 200 chevaux — équivalente à celle d’une 208 Cup thermique, en rapport poids/puissance.
« L’autonomie n’est pas notre problème principal aujourd’hui. Notre plus gros défi, c’est la gestion thermique du moteur et des batteries. Mais on a encore de la marge », explique-il.
Un engagement 100 % étudiant, du volant à l’atelier
Autre particularité de l’équipe : aucun professionnel, ni derrière un volant, ni sous le capot. Toute la structure est portée par les étudiants de l’ESTACA, qui se partagent les rôles de pilotes, d’ingénieurs, de mécaniciens ou encore de communicants. Lorsqu’un incident survient, comme ce fut le cas à Magny-Cours avec un moyeu endommagé, l’équipe entière se mobilise et parvient à repartir en piste en un temps record.
Côté pilotage, là encore, la démarche est pédagogique. Les étudiants eux-mêmes prennent le volant après avoir obtenu leur première licence FFSA. « Ce qu’on voulait, c’était une implication totale. C’est important que ceux qui conduisent aient aussi participé à la création de la voiture. »
Une histoire qui s’inscrit dans la durée
L’histoire entre VOLTA et le TTE ne date pas d’hier : l’association étudiante derrière le projet avait déjà roulé en Proto CN (GEMA) sur le championnat il y a quelques années. Dès les débuts du projet électrique, les étudiants contactent l’organisateur, Jean-Jacques Hengel , qui leur ouvre les portes du TTE avec enthousiasme : « Sans le TTE, rien de tout cela n’aurait été possible. »
Aujourd’hui, l’équipe peut compter sur un solide réseau de partenaires, dont l’ESTACA, le groupe Gruau, les collectivités locales (Mayenne, Pays de la Loire), et pas moins de 37 partenaires. Une mobilisation à la hauteur de l’innovation portée par ces étudiants.
Et demain ?
Alors que certains membres de l’équipe approchent de la fin de leurs études, la relève est déjà assurée : des troisièmes années formés en amont sont prêts à reprendre le flambeau. Si aucun projet n’est encore défini pour de futurs véhicules ou d’autres compétitions, VOLTA restera comme la première voiture électrique à avoir terminé une course FFSA dans l’histoire, toutes catégories confondues.
Une couleur, une identité
Difficile de passer à côté de la voiture bleue électrique de VOLTA. Un choix de couleur né presque par hasard, mais qui fait aujourd’hui partie intégrante de l’identité du projet. Le covering a été réalisé par un partenaire local, Imprime-Service à Laval, qui a cru dès le départ en l’audace du projet.
Une aventure humaine, technique et collective, qui prouve que l’avenir du sport auto peut aussi s’écrire avec des idées neuves, du courage…
Propos recueillis par Gérard Jolivet.