
Cette année, nous souhaitons présenter les membres du TTE au grand public. Qu’ils soient en bord de piste, à l’administration, ou à courir partout pour régler les problèmes sur les épreuves, ils font partie du Trophée Tourisme Endurance. Aujourd’hui, focus sur Fabrice Reicher.
Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Fabrice Reicher. J’ai 52 ans et je suis passionné de course automobile depuis la fin de mon adolescence. Mes débuts en compétition se sont faits relativement tard, vers mes 25 ans. J’ai eu de nombreuses occasions de rouler en endurance, après quelques passages par le VHC au début, puis la Clio Cup par la suite. J’ai principalement participé à des épreuves d’endurance, notamment d’une durée de 24 heures comme les 24h du Nurburgring , de Spa ou Dubaï. Je compte 29 participations à des courses de 24 heures aujourd’hui. En dehors du sport automobile, je suis représentant en optique lunetterie.
Quel rôle avez-vous au sein du Trophée Tourisme Endurance et depuis combien de temps ?
Je suis co-fondateur du TTE avec Jean-Jacques Hengel, donc présent depuis le début. Nous avons travaillé sur la mise en place du championnat en 2009 pour lancer le TTE en 2010. Concernant mon rôle, il est assez large. Cela va de l’aspect commercial et publicitaire, à la communication dans le sens large du terme. Je fais aussi le lien entre l’organisation et les pilotes.
Comment êtes-vous arrivés dans le sport automobile et plus particulièrement dans le TTE ?
J’ai commencé à courir en Rencontres Peugeot Sport en 2001. L’idée de courir en sport automobile m’est venue après avoir eu l’occasion de rouler sur le circuit de Montlhéry. J’avais adoré ça. À partir de là, je savais que j’aimais bien conduire, et je n’ai eu de cesse que d’essayer de rentrer dans le milieu de la course.
Les débuts ont été difficiles. J’ai travaillé dans le milieu comme homme à tout faire en Coupe Caterham. Mon père m’avait dit : trouve-toi de l’argent pour acheter une voiture, ou attends d’en avoir. Je me suis donc fait engager pour donner un coup de main. Ce n’est que plus tard, que j’ai eu l’occasion de participer à mes premières courses. Un des patrons de mon père avait couru sur une Mini Cooper en VHC. Il s’était arrêté de courir et m’avait proposé sa voiture pour commencer.
En 2001, je me suis finalement retrouvé en endurance 206. Je courais dans une équipe, mais cela ne me convenait pas, car c’était une trop grosse structure. J’ai rencontré Jean-Jacques et Yannick à Croix-en-Ternois cette année-là. C’était après les essais si je me souviens bien. Je passe devant leur stand et je vois une belle bande de copains qui prend l’apéro. Comme j’ai la conversation facile, je suis allé me présenter et nous avons discuté.
Je trouvais que l’ambiance était sympa et que l’équipe était à taille humaine. Eux courait à deux, et je me suis proposé d’être le troisième pilote. Un mois plus tard, nous étions engagés tous les trois pour la saison 2002 et pour les sept saisons suivantes. Nous avons gagné notre première course au général en 2002, puis quelques podiums l’année d’après, mais le niveau s’est élevé après et nous ne sommes plus montés sur le podium.
Concernant le TTE, tout est parti du fait que nous avions acheté une voiture pour faire de l’endurance mais nous ne pouvions rouler nulle part en France. Nous avions une 206 RCC dans les mains, mais nous ne savions pas quoi en faire. Jean-Jacques, Yannick et moi avons fait les 12 Heures de Budapest, et nous avions la plus petite auto du plateau. Nous avons engagé l’auto au Nürburgring en 2009 pour les 24 heures, mais mes copilotes ne se sentaient pas capables de faire la course.
Puis un matin, nous partions au boulot et nous nous sommes appelés avec Jean-Jacques. Nous avions eu la même idée : créer un championnat. Et nous l’avons créé. Nous nous sommes lancés là-dedans très naïvement en faisant les choses comme nous l’imaginions. Nous nous étions dit à l’époque que si nous gagnions de l’argent avec le championnat, cela paiera nos autres courses à côté. Finalement, Jean-Jacques ne roule plus et j’en fais une ou deux par an (rires).
Quel est l’atout principal du TTE selon vous ?
Je pense que le TTE est un moyen de pouvoir assouvir sa passion avec des coûts maîtrisés. C’est à la fois la course amicale avec une belle entraide et en même temps c’est une compétition à un tarif inexistant en France. Que ce soit l’endurance ou les autres disciplines. Nous avons toujours voulu proposer ce que nous, pilotes « amateurs », cherchions pour courir à l’époque. Le rapport qualité/prix/convivialité est notre leitmotiv.
Y a-t-il un mot qui ressort pour vous qui décrit le TTE et son ambiance ?
Le mot qui me vient est l’entraide. C’est une des caractéristiques majeures du TTE. Comme les gens s’entendent bien, ils se rendent des services. Évidemment, il y a toujours des désaccords entre certains concurrents, mais globalement il y a une forte entraide.
Par exemple, une année, une équipe avait cassé une crémaillère de direction sur leur Seat. Tous les autres concurrents en Seat ont alors cherché la pièce à dépanner. Finalement, c’est un concurrent qui ne roulait pas à cette course, qui a prêté la sienne. Ils ont fait 400 kilomètres pour la chercher, mais ils ont pu rouler le lendemain.
Avez-vous une anecdote à raconter à propos de vos années au TTE ?
Dès la fin de la première saison, nous avons institué l’apéritif entre les concurrents. Il y a quelque chose qui est génial avec ce moment, c’est que tout le monde se mélange. Tous les concurrents, commissaires, organisation et autres y sont présents. Certains restent dans leur sphère, mais ils sont très minoritaires.
D’ailleurs, actuellement, pour cause de COVID, nous ne pouvons plus organiser nos apéros et les concurrents le regrettent et espèrent qu’on puisse vite reprendre nos bonnes habitudes.
C’est un des moments forts du meeting pour moi. Je me suis vu servir presque 300 personnes en une soirée. Au départ, je le faisais tout seul, mais il y avait tellement de monde ces dernières saisons que c’était impossible de gérer cela tout seul.
Je me souviens, par exemple, d’avoir servi 35 litres de bière un soir d’été. Nous avions été obligés d’en emprunter à un concurrent ! À la fin, nous avions fait une pyramide (rires). J’ai eu l’occasion de servir des personnalités et des grands pilotes comme Jean-Pierre Jaussaud, Carlos Tavares, Norbert Santos, David Halliday et bien d’autres. Le TTE m’a permis de connaître un tas de gens que je n’aurai jamais eu l’occasion de rencontrer.
Merci, un dernier petit mot pour nos lecteurs, pilotes, équipes ou membres du TTE ?
Pour l’équipe, je ne pourrai jamais les remercier assez pour leur dévouement, leur passion et leur bonne humeur. Ils sont les courroies de transmission de la passion du sport automobile. Ils abattent un boulot extraordinaire et je trouve qu’ils ne sont pas assez reconnus la plupart du temps. Mais nous, nous savons leur valeur.
Concernant les concurrents, j’espère que nous pourrons leur permettre de courir dans de bonnes conditions pendant encore longtemps !